• Frankenstein ou Le Prométhée moderne est un roman gothique et considéré a posteriori comme le prédécesseur de la science-fiction, publié en 1818 par la britannique Mary Wollstonecraft Godwin, maîtresse et future épouse du poète Shelley, alors âgée de 18 ans.Le roman est le récit d'une tentative d'exploration polaire par Robert Walton. La majeure partie de ce récit est constituée par l'histoire de la vie de Victor Frankenstein que Walton a recueilli sur la banquise. Ce récit tourne lui même autour de la narration à Frankenstein, par le monstre auquel il a donné vie, des tourments de celui-ci, qui justifient la haine qu'il lui porte.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    Résumé complet

    Walton écrit des lettres à sa sœur à propos de son expédition vers le pôle Nord, à bord d'un bateau. Il voit passer une luge, et rencontre un homme coincé sur un bloc de glace avec une luge similaire : Frankenstein. Celui-ci, désespéré et ayant perdu tout goût pour la vie, raconte à Walton la cause de ses malheurs.Il est issu d'une famille relativement nombreuse qui se fixe à Genève. Il manifeste un intérêt pour la science, et part étudier. Au cours de ses progrès rapides, il se rend compte qu'il est capable de créer un être vivant. Il se dévoue alors corps et âme à cette tâche qui l'occupe pendant des mois, et donne naissance à un être surhumain mais hideux d'apparence. Alors qu'il prend vie, Frankenstein, horrifié, fuit. Il rencontre le lendemain son ami d'enfance, Clerval, et tombe gravement malade, puis guérit quelques mois plus tard. Clerval étudie, lui aussi. Alors que leur retour à Genève est sur le point d'être prévu, Frankenstein apprend que son frère a été assassiné par un voleur. Il se rend sur place et aperçoit son monstre, près du lieu du crime. La bonne foi de celle qui est accusée ne laisse aucun doute sur l'identité du coupable pour Frankenstein, mais elle est toutefois condamnée à mort et exécutée. Désespéré, Frankenstein part à Chamonix où il rencontre le monstre, envers qui il éprouve une ardente haine. Celui-ci lui conte son histoire.Abandonné à lui-même, le monstre a appris tout seul à survivre. Il entre vite en contact avec des humains qui, effrayés par son aspect difforme, le chassent. Il en vient à observer une famille où l'éducation d'une étrangère juste arrivée et la découverte de livres permettent au monstre d'apprendre à parler et à lire. Après quelque temps, il entre en contact avec le père, aveugle, mais est chassé par le reste de la famille, qui s'enfuit, le laissant mûrir des plans de revanche contre la race humaine qui le rejette à cause de son apparence, et contre son créateur qui l'a laissé seul, sans ami ni femme. En possession du journal de Frankenstein, il part vers Genève. Il y rencontre le frère de Frankenstein, qu'il tue en apprenant l'identité de son père, et s'arrange pour qu'une autre soit accusée du crime.Le monstre demande à Frankenstein de lui concevoir une femme, pour qu'ils puissent vivre tous deux isolés et heureux. Frankenstein accepte à contrecœur, en étant informé des projets du monstre de le suivre et de le surveiller, et part pour l'Angleterre avec Clerval. Alors que celui-ci reste avec des amis, il se livre à ses travaux, mais se rend soudain compte que son travail permettrait au monstre d'avoir une descendance qui serait un grave péril pour l'espèce humaine. Il détruit alors sa création inachevée, apprend au monstre qui se présente alors sa volonté de ne pas respecter sa promesse. Le monstre le prévient alors de son projet de transformer son existence en enfer, et s'enfuit. Frankenstein va alors jeter ses instruments de chimie à l'eau, mais est entraîné vers le rivage Irlandais où on l'accuse du meurtre d'un jeune homme - Clerval. Il en est gravement malade, mais survit, et son innocence est prouvée. Il revient chez lui avec son père, venu le visiter, et se prépare alors à son mariage avec sa sœur adoptive, Elizabeth. Cependant, confortant l'avertissement, mal interprété par Frankenstein, de sa présence le jour du mariage, le monstre la tue alors. Frankenstein, horrifié, va apprendre la nouvelle à son père qui en meurt. Il dédie alors sa vie à la traque du monstre qu'il a créé, pour que seul l'un d'eux survive. Le monstre, s'amusant de ce jeu et conscient de sa supériorité, l'emmène vers le Nord car il est insensible au froid. Ayant perdu la trace du monstre, bien qu'aidé par les esprits des victimes du monstre, Frankenstein s'égare.Forcé par l'équipage à rebrousser chemin, Walton assiste, impuissant, à la mort de son ami Frankenstein, qui n'a plus assez de force pour poursuivre sa traque. Il voit le monstre qui, ayant rebroussé chemin lui aussi, est venu voir le cadavre de son créateur. Il s'exprime sur son dégoût de lui-même en pensant aux meurtres qu'il a commis par envie de se venger d'un créateur inconscient et irresponsable, mais qu'il répugne, en vertu de son initiale aspiration au bien, détruite par la méchanceté de la race humaine. Il annonce son projet de se suicider au pôle Nord, et part.<o:p> </o:p>

    Adaptations

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    Frankenstein a été plusieurs fois adapté au cinéma. Le premier film a été réalisé en 1931 par James Whale, avec Boris Karloff dans le rôle de la créature. Le maquillage avait été créé par Jack Pierce et est resté célèbre. En 1935, le même James Whale réalise une suite, La fiancée de Frankenstein (The Bride of Frankenstein). Suivront un très grand nombre d'adaptations, dont les plus connues sont sans doute celles du studio britannique Hammer, dans les années 50, et, plus récemment, le film de Kenneth Branagh, Mary Shelley's Frankenstein, avec Robert De Niro dans le rôle du monstre.


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  • MON OPINION SUR LE FASCISME 
     



    Y en a toujours qui m'ont dit "Ne critique pas les fachos , ils ont le droit de donner leur avis , on est en démocratie !"

    Moi je répond "Oui, on est en démocratie, donc moi aussi j'ai le droit de donner mon avis sur le fascisme" (Parce que si les fachos arrivent au pouvoir je n'en n'aurai plus le droit)

    Oui nous avons la liberté de voter pour l'extrême droite qui (comme nous l'avons vu tout au long de notre histoire) finira tôt ou tard par nous supprimer le droit de vote.

    Oui notre liberté d'opinion nous autorise à être d'accord avec n'importe quelle idéologie, même avec celle dont le but est de nous retirer la liberté d'opinion.

    Mais pour moi, la liberté de voter autorise également tout un chacun de voter pour les adversaires de l'extrême droite (cf. 2002) et la liberté d'opinion m'autorise également à critiquer cette politique.

    Pour moi, une politique......
    - qui donne tout les pouvoirs à un groupe ou a un seul homme
    - qui refuse les principes de liberté et d'égalité
    - qui baisse les droits de certains individus parce qu'ils sont « différents »
    - qui a déjà été au pouvoir et qui a, par ce fait, provoqué la mort de millions d'innocents

    .....Oui, ceux qui croient en cette politique sont libres de le dire.
    Mais de mon point de vue, ceux qui, comme moi, méprisent cette politique (bien qu'on les accuse du contraire) sont tout aussi libres de la critiquer.

    Citation intéressante :
    "Tout est lié. L'égalité et la liberté ne sont pas des luxes que l'on écarte impunément. Sans ceux-ci, l'ordre ne peut survivre longtemps sans se rapprocher de profondeurs inimaginables."

    Ceci est moint point de vue strictement personnel et n'engage que moi. Je critique ici une politique et des préjugés, nullement une ou plusieurs personnes en particulier

    P.S

    Précision importante par les temps qui courent, c'est pas parce que on anti-fasciste qu'on doit être obligatoirement communiste ou anarchiste ou autre chose du genre extreme gauche : certains grands hommes en on été la preuve.

        

    ...et je méprise tout autant les extremistes de gauches qui accusent de fascisme n'importe qui, pour n'importe quelle raison.


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  • Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes publié par Charles Baudelaire en 1857. Il constitue une des œuvres les plus importantes de la poésie moderne et exerça une influence énorme sur Arthur Rimbaud et sur Stéphane Mallarmé.

    Le titre

    Le recueil aurait dû s'appeler Les Limbes ou encore Les lesbiennes ; Baudelaire, sur le conseil d'un ami, y renonce. Le titre définitif repose sur le paradoxe que Charles Baudelaire a tenu à entretenir durant toute sa vie littéraire. En effet, l'auteur considère la Nature comme étant, par définition, laide ; il considère la beauté comme artificielle. Certes la beauté n'est point le fruit de la nature, en cela le paradoxe est juste, mais il convient de sentir que la naissance, l'éclosion de la beauté proviennent du terreau sur lequel elle pousse : le « mal ». Une Charogne, par exemple, nourrit la terre et la rend fertile, elle nourrit les vautours et la vie, la mort est le voyage pour la vie. Sans la considération du mal et son étendue qui est l'anéantissement des sens, la recherche sensible n'a lieu d'être, c'est le paradoxe encore, naturel au possible, c'est l'effet de la cause ; la psychologie dans l'art et ses mécanismes tragiques empruntés à la science meuvent l'extraordinaire, une trame où correspondent des instruments de torture si bien agencés qu'ils amusent l'œil de la victime. La fleur est cet objet, une perfection du hasard, une forme plus artificielle que les inventions les plus folles, on la contemple parce qu'elle est bizarre, parce que rien n'y dépend du prévu et tout s'y assemble à merveille, on a beau avoir vu bien des roses, on s'étonne à coup sûr d'en voir une nouvelle, pas de rappel en mémoire, pas de « madeleine », seulement l'impression de « première fois » ; on note d'ailleurs que les poèmes de ce maigre recueil dans l'œuvre maigre de Baudelaire résonnent à chaque lecture du ton de l'inconnu, les saurait-on par cœur.

    Les conditions de la publication

    Le 1er juin 1855, La Revue des Deux Mondes publie sous le titre des Fleurs du mal, dix-huit poèmes de Baudelaire.Il y intègre la quasi-totalité de sa production poétique depuis 1840.Baudelaire remet à l'éditeur Auguste Poulet-Malassis le manuscrit le 4 février 1857. Le 20 avril, la Revue française publie neuf poèmes. Le premier tirage est effectué à 1 300 exemplaires, et mis en vente le 23 juin. Le Moniteur publie le 14 juillet un article élogieux d'Édouard Thierry.Ces fleurs maladives seront dédiées au poète Théophile Gautier, sacré « parfait magicien des lettres françaises » et « poète impeccable ».

    Le procès

    Le 5 juillet 1857, un article du Figaro de G. Bourdin critique « l'immoralité » des Fleurs du mal. Le 7 juillet, la direction de la Sûreté publique (ministère de l'Intérieur) saisit le parquet du délit d'« outrage à la morale publique » et pour « outrage à la morale religieuse ». Cette dernière accusation est finalement abandonnée. Le 20 août, le procureur Ernest Pinard, qui avait également requis contre Madame Bovary, prononce un réquisitoire devant la 6e Chambre correctionnelle. Le 21 août, Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés respectivement à 300 et 100 francs d'amende, ainsi que la suppression de six pièces, pour délit d'outrage à la morale publique. Le 30 août, Victor Hugo écrit à Baudelaire « Vos Fleurs du mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles », et pour le féliciter d'avoir été condamné par la justice de Napoléon III. En 1859, Victor Hugo écrira que l'ouvrage apporte « un frisson nouveau » à la littérature. Le 6 novembre, Baudelaire écrit à l'impératrice pour demander une réduction de l'amende qui est réduite à 50 francs par le garde des Sceaux.Poulet-Malassis, réfugié en Belgique après une condamnation de 3 mois de prison, publie en février 1866 sous le titre Les Épaves vingt-trois poèmes de Baudelaire, dont les six pièces condamnées. L'éditeur sera condamné le 6 mai 1868 par le tribunal correctionnel de Lille pour cette publication.L'édition suivante de 1861 enlève les pièces interdites et rajoute 30 nouvelles œuvres. L'édition définitive et posthume de 1868 comprendra finalement 151 poèmes, mais ne reprend pas les poèmes interdits ; ceux-ci seront publiés, ainsi que ceux du recueil Épaves, à Bruxelles en 1869 dans un Complément aux Fleurs du mal de Charles Baudelaire.Charles Baudelaire et ses éditeurs ont été réhabilités par la Cour de Cassation le 31 mai 1949.

    Structure

    Le poète divise son recueil en six parties : Spleen et idéal, Tableaux parisiens, Le Vin, Fleurs du mal, Révolte et La Mort. Cette construction reflète son cheminement, sa quête : spleen et idéal, tout d'abord, constitue une forme d'exposition ; c'est le constat du monde réel tel que le perçoit l'écrivain. Les 3 sections suivantes en procèdent, dans la mesure où elles sont des tentatives de réponse au spleen, d'atteinte de l'idéal. Baudelaire s'aventure à cette fin dans les drogues (Le Vin) puis tente de se noyer dans la foule anonyme de Paris pour y dénicher une forme de beauté (Tableaux parisiens) avant de se tourner vers le sexe et les plaisirs physiques (Fleurs du Mal). Après ce triple échec vient la révolte contre l'absurdité de l'existence (Révolte) qui, elle aussi s'avérant vaine, se solde par La Mort.

    Les Correspondances

    Baudelaire tout au long de son œuvre joue sur les correspondances verticales et horizontales (ou synesthésies Baudelairiennes) qui inspirent par la suite de nombreux poètes. Toute son œuvre est construite sur un cheminement moral, spirituel et physique.

    La femme

    Le thème de la femme traverse toutes les Fleurs du Mal. La femme se fait tout à la fois être sensuel, envoûtant mais aussi être inaccessible.


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  • Comtesse Elizabeth Báthory (Báthory Erzsébet en hongrois) dite la comtesse sanglante (1560 -1614), est une aristocrate hongroise connue pour avoir fait torturer à mort par plaisir sadique 650 jeunes femmes (le chiffre varie selon les sources). Elle les aurait mordues et aurait fait verser leurs sangs dans sa baignoire comme un élixir de jouvence. Cette dernière version ne fut pas soutenue par les actes contemporains de son procès en 1611.

    Personnalité

    Fille de György Báthory d'Ecsed et d'Anna Báthory de Somlyo, Elisabeth Báthory est née en 1560, d'une famille de sang royal comptant dans ses proches parents un cousin-germain prince de Transylvanie, Sigismond Bathory, un oncle qui devint roi de Pologne, des gouverneurs de province, de hauts magistrats, des évêques et un cardinal. Cette famille remontait très loin dans le temps et comptait un certain nombre d'aventuriers hongrois descendant probablement des Huns et qui s'étaient imposés par le sang et la violence, comme il était de règle à ces époques troublées où la Hongrie allait passer d'un paganisme pur et dur à un catholicisme très inféodé à Rome.
    C'est dans cette atmosphère très particulière, encombrée de sortilèges et de traditions ancestrales venus d'ailleurs, que se déroula l'enfance d'Elisabeth Báthory, et cela explique certainement beaucoup de choses concernant le comportement et le mode de pensée de cette comtesse qu'il faut bien se résoudre à qualifier de "sanglante".

    Une lourde hérédité

    On ne peut faire abstraction de la lourde hérédité d'Elisabeth : sa lignée ne comportait pas que des petits saints et un certain nombre de ses ancêtres avaient été des brutes sanguinaires : un de ses frères était un dépravé pour lequel tout était bon, la plus tendre fillette comme la plus ratatinée des femmes âgées ; une de ses tantes, grande dame de la cour de Hongrie, défrayait la chronique scandaleuse : on disait, "tribade" à l'époque, qu'elle était tenue pour responsable d'avoir déshonoré des douzaines de petites filles. Et puis, la propre nourrice d'Elisabeth, Ilona, qui deviendra son âme damnée, personnage trouble et inquiétant, pratiquant la magie noire et les sortilèges les plus pervers, eut une influence déterminante sur l'évolution de son esprit.
    Les descriptions qu'on possède d'Elisabeth Báthory, ainsi qu'un portrait qu'on en a conservé, nous la montrent d'une grande beauté : "les démons étaient déjà en elle ; ses yeux larges et noirs les cachaient en leur morne profondeur ; son visage était pâle de leur antique poison. Sa bouche était sinueuse comme un petit serpent qui passe, son front haut, obstiné, sans défaillance. Et le menton, appuyé sur la grande fraise plate, avait cette courbe molle de l'insanité ou du vice particulier. Elle ressemblait à quelques Valois dessiné par Clouet, Henri Ill peut-être. Bref, elle dissimulait quelque chose de mélancolique, de secret et de cruel..."

    Jeunesse

    On ne sait pas grand-chose sur la jeunesse et l'adolescence d'Elisabeth, sinon qu'elle se réfugiait souvent dans une solitude farouche. Dès son jeune âge, elle fut confiée à sa future belle-mère qui devait en faire une châtelaine soumise et pieuse, selon la plus pure tradition hongroise. Celle-ci l'assénait de prières et de saintes lectures. Par ailleurs, depuis son plus jeune âge, elle souffrait de maux de tête parfois intolérables qui la faisaient se rouler par terre. Était-ce de l'épilepsie ? Il semble plutôt qu'Elisabeth était en proie à des crises d'hystérie qu'il était tentant (à l'époque) d'assimiler à des crises de possession démoniaque.

    Une mystérieuse maternité

    On prête à Elisabeth plusieurs aventures masculines avant son mariage et après son veuvage. Toute jeune, immédiatement après sa puberté, elle aurait eu une petite fille d'un paysan. Elle avait quatorze ans et elle était déjà fiancée à Férencz Nàdasdy, un comte appartenant à la meilleure noblesse hongroise, redoutable guerrier qui devint illustre et mérita, par la suite, le titre de "Héros noir de la Hongrie". Il semble alors que, se trouvant enceinte, elle demanda à Orsolya Nàdasdy, mère de son fiancé, laquelle était chargée de sa "protection", la permission d'aller dire adieu à sa propre mère, Anna Báthory, accompagnée d'une seule femme en qui elle avait toute confiance.
    Craignant le scandale et la rupture du mariage de sa fille, Anna Bathory aurait amené secrètement Elizabeth dans un de ses châteaux les plus éloignés, du côté de la Transylvanie, laissant courir le bruit que sa fille, atteinte d'une maladie contagieuse, avait besoin de repos et d'isolement absolus. Elle l'aurait alors soignée, aidée d'une femme venue du château familial de Csejthe et d'une accoucheuse qui avait fait le serment de ne rien révéler. Une petite fille serait née, à laquelle on aurait donné également le prénom d' "Elizabeth" et qui aurait été confiée à la femme de Csejthe, qui avait accompagné sa fille.

    Mariage

    Les noces d'Elisabeth Báthory et de Ferencz Nàdasdy eurent lieu le 8 mai 1575. Elizabeth avait quinze ans, et son mari en avait vingt et un. L'empereur Maximilien de Habsbourg assista lui-même au mariage. Le roi Matthias de Hongrie et l'archiduc d'Autriche envoyèrent de somptueux cadeaux aux nouveaux époux qui s'en allèrent passer leur lune de miel dans le château de Csejthe, dans le district de Nyitra, région montagneuse du nord-ouest de la Hongrie, encore célèbre aujourd'hui par la qualité de ses vignobles, mais aussi pour ses châteaux forts en ruines, ses histoires de fantômes et ses traditions vivaces de vampires et de loups-garous.
    Le séjour de Férencz Nàdasdy fut de courte durée, ses devoirs de combattant l'appelant à la guerre à travers toute la Hongrie et les pays avoisinants. Il laissa donc Elisabeth régner sur le château de Csejthe et sur les vastes domaines qui l'entouraient. Il est probable que la sensualité d'Elizabeth, fortement éveillée par son mari (qui lui fit d'ailleurs trois enfants : Osolya, Katherine et Pal, qui fut l'héritier tant attendu après des années de mariage), se sentit alors quelque peu frustrée. On lui prêta plusieurs intrigues amoureuses, mais sans lendemain, dont une avec un de ses cousins, le comte Gyorgy Thurzo, futur premier ministre de Hongrie et qui fut d'ailleurs, par la suite, son juge le plus sévère.

    Le visiteur noir

    Le seul tort du mari était d'être trop souvent absent. Un jour de 1586 ou 1587, alors que Férencz Nàdasdy était en plein combat contre les Serbes, on raconte qu'arriva au château de Csejthe, un grand jeune homme au teint cadavérique, nommé Cadevrius Lecorpus. Il était habillé de noir, avait de profonds yeux noirs et de longs cheveux noirs tombant jusqu'aux épaules. Son allure ne laissa pas les servantes de la comtesse perplexes sur l'identité de l'inconnu. D'ailleurs, lorsque celles-ci racontèrent au village de Csejthe que sans doute, Erzébeth avait invité un serviteur du diable, les villageois n'allèrent plus se coucher sans avoir soigneusement barricadé leurs portes et leurs fenêtres avec des planches. Cet homme avait sûrement été une sorte de sorcier, ou de prêtre plein, qui initia Elizabeth à certaines pratiques magiques. Car elle ne faisait pas mystère de ses fréquentations auprès des mages, des sorcières et autres personnages, toujours féminins, qui officiaient dans les forêts, à l'abri des regards indiscrets.
    Le plus étrange fut que, depuis cette fameuse visite, la comtesse changea de comportement... en effet, durant plusieurs semaines, Elizabeth ne sortit pas de chez elle et semblait s'être retirée du monde. A son procès, des paysans témoignèrent que pourtant, durant cette période, ils la virent avec une autre femme (une noble travestie), torturer à mort une malheureuse jeune fille. D'après leurs dires, la façon dont elles la battaient était d'une violence inouïe ! Premier changement : la comtesse était devenue très violente...
     
    Veuvage et crimes

    Devenue veuve, Elisabeth semble n'avoir rien changé à son mode de vie. Les tortures qu'elle infligeait à ses servantes, elle les pratiquait depuis longtemps et son mari le savait parfaitement, considérant celles-ci comme de simples amusements de la part de sa femme.
    L'un des témoignages du procès est catégorique : à la question de savoir depuis combien de temps la comtesse maltraitait les jeunes filles, un témoin répond : "elle commença quand son mari était encore en vie, mais alors ne les tuait pas. Le comte le savait et ne s'en souciait guère".

    Recherche de l'élixir de beauté

    On raconte une curieuse anecdote sur la naissance de la fascination d'Elizabeth pour le sang qui coule : un jour qu'elle avait frappé une servante assez violemment pour la faire saigner du nez, parce qu'elle lui avait tiré les cheveux en la peignant, un peu du sang de la jeune fille tomba sur le poignet d'Elizabeth ; un peu plus tard, la comtesse crut remarquer que la peau de l'endroit où était tombé le sang était devenue plus blanche et plus douce que la peau environnante ; intriguée, elle se baigna le visage avec le sang d'une des victimes de ses orgies : son visage lui sembla rajeuni et revivifié par le traitement.
    Le souci primordial d'Elizabeth, depuis son plus jeune âge, avait été sa beauté : elle avait une peur atroce de vieillir et de s'enlaidir. Il n'en fallait pas plus pour qu'elle imagine pouvoir indéfiniment préserver sa beauté grâce à du sang frais de jeunes filles, de préférence vierges, donc revêtues de cette aura magique que confère la virginité. "Le sang, c'est la vie !" mais pour Erzébeth, la vie, c'était la beauté et la jeunesse.
    Elizabeth passait son temps au château de Csejthe, faisant également de fréquents séjours à Presbourg et surtout dans la demeure qu'elle avait acquise à Vienne, non loin de la cathédrale, demeure qui semble avoir été marquée aussi par de sanglantes orgies.

    Une équipe de sorcières

    À Csejthe comme ailleurs, Elizabeth était toujours accompagnée de sa nourrice Jo Ilona et de sa servante Dorottya Szentes, dite Dorko, deux femmes probablement sectatrices d'une de ces mystérieuses cohortes de sorcières avorteuses qui pullulaient encore dans les campagnes de l'Europe centrale. Il semble qu'elles aient été les principales pourvoyeuses de "chair fraiche" de la comtesse, en même temps que ses "agents d'exécution" quand il s'agissait de frapper, de saigner, puis d'enterrer les malheureuses victimes.

    Autour de ce duo infernal, il y avait un homme à tout faire, Ujvari Jano, dit Ficzko et une lavandière, Katalin Beniezky. Elizabeth vivait au milieu de cette troupe entièrement vouée à son service et à la satisfaction de ses instincts.

    Un autre personnage vint bientôt compléter la sinistre troupe, une certaine Darvulia Anna. Il apparaît que Darvulia était une sorcière de la meilleure tradition, une magicienne noire qui connaissait des formules et des incantations sataniques et qui n'hésitait pas à procéder à des sacrifices humains pour obtenir l'aide des puissances démoniaques. Sans doute Darvulia Anna sut-elle convaincre Elizabeth Bathory, déjà quadragénaire mais toujours très belle, qu'elle connaissait les recettes infaillibles pour prolonger indéfiniment cette beauté.

    Les "vaches à sang" de la comtesse

    Il y avait aussi le personnel "volant", de belles jeunes filles dont elle faisait ses servantes, et parfois ses concubines, du moins tant qu'elle y trouvait une certaine nouveauté. Car ces "servantes" disparaissaient les unes après les autres, et il fallait bien que le "personnel permanent" se chargeât de renouveler un cheptel qui devait être toujours jeune et beau.
    On prétend même que la comtesse veillait à ce que ces jeunes filles retenues prisonnières fussent bien nourries et engraissées, car elle croyait que plus elles étaient dodues, plus elles avaient de sang dans les veines, et que plus elles étaient bien portantes, plus la vertu de ce sang était efficace. Plus que jamais, le sang était la vie : Elizabeth croyait-elle pouvoir échapper au vieillissement et à la mort, et gagner ainsi une éternelle jeunesse ? Il semble qu'il faille prendre très au sérieux cette conviction.
    Les plus belles filles de Transylvanie et de Hongrie, lorsqu'elles étaient repérées par les émissaires de la comtesse, prenaient le chemin du château de Csejthe. Tous les moyens étaient bons : menaces, intimidation, promesses d'argent, achat pur et simple dans certaines familles pauvres. Mais la plupart d'entre elles ne ressortaient jamais plus de la sinistre forteresse.

    Supplices

    On a probablement fort exagéré les récits concernant les supplices infligés à ces innocentes jeunes filles par la comtesse Bathory et ses âmes damnées. Mais il en est de suffisamment établis pour se faire une idée de l'atmosphère malsaine et macabre qui régnait dans les souterrains du château de Csejthe.
    Les filles étaient frappées avec violence. Certaines avaient le cou percé. D'autres étaient liées avec des cordes qu'on tordait ensuite afin qu'elles puissent s'enfoncer dans les chairs, ce qui permettait de leur ouvrir les veines et de faire jaillir le sang sur la comtesse.
    On prétend même qu'on remplissait parfois des baignoires de sang et qu'Elizabeth s'y baignait avec ravissement mais comme sa peau délicate ne supportait pas d'être essuyée avec des serviettes, ce sont d'autres filles qui devaient la débarrasser du sang en lui léchant tout le corps avec leurs langues. Celles qui, ne supportant pas une telle horreur, s'évanouissaient, étaient ensuite sévèrement châtiées avant de servir de victimes à leur tour.

    Rumeurs et enquête

    Malgré les précautions infinies prises par Erzébeth et ses complices, certaines personnes commencèrent à murmurer. Erszebeth renouvelait sans cesse le personnel de son château, c'est-à-dire des jeunes paysannes que son serviteur Ficzko emmenait, soit de force, soit en amadouant leurs parents avec de belles robes, et la promesse d'une vie meilleure aux côtés de la Comtesse. Seulement, au bout d'un certain temps, les familles de ces jeunes filles se demandaient ce que devenaient leurs enfants, car aucune nouvelle ne leur parvenait, et ce fut le déclencheur des premiers doutes au sujet de ce que pouvait mijoter la Comtesse. Des rumeurs parvinrent jusqu'à la cour de Vienne et les autorités ecclésiastiques, sentant qu'il y avait sans doute des pratiques relevant de l'hérésie ou du paganisme, commencèrent à se livrer à de discrètes enquêtes.
    Le roi Matthias II de Hongrie décida de prendre l'affaire en main. Convaincu, par certains témoignages, que l'héritière des Bathory était coupable de crimes de sang, il ordonna une enquête qu'il confia au gouverneur de la province, lui-même cousin d'Erzébeth.
    Le gouverneur se rendit secrètement à Csejthe et s'informa auprès de certaines personnes de confiance, en particulier le pasteur Andras Berthoni qui avait rédigé un long mémoire dans lequel il accusait Erzébeth d'avoir fait mettre à mort neuf jeunes filles et de l'avoir contraint à les enterrer pendant la nuit. L'envoyé du roi Matthias fut très vite édifié, et, lorsqu'il eut fait son rapport, le roi ordonna l'arrestation de la comtesse Bathory et tous ses complices. Et cette tâche, il la confia à un autre cousin d'Erzébeth, son premier ministre le comte Gyorgy Thurzo, qui avait aussi été son amant.

    Arrestation

    Le 29 décembre 1610, à la tête d'une troupe armée et accompagné du curé de Csejthe et en présence des deux gendres d'Elizabeth, le comte Thurzo, le cousin d'Elizabeth pénétra dans le grand château au moment même où se déroulait l'une de ces orgies sanglantes.
    Ils découvrirent plusieurs douzaines de jeunes filles, d'adolescentes et de jeunes femmes. Certaines étaient affaiblies, presque complètement vidées de leur sang ; d'autres, dans un état d'hébétude totale, étaient encore intactes : c'était le bétail réservé aux prochaines orgies. Par la suite, on exhuma une cinquantaine de cadavres de jeunes filles dans les cours, les dépendances du château et les sous sols.
    Lorsque le comte Thurzo se présenta devant elle, elle ne songea pas un seul instant à nier l'évidence. Aux accusations que lui porta légalement son cousin, la comtesse s'enferma dans un mutisme hautain.

    Procès et condamnations

    Le roi Matthias était décidé à aller jusqu'au bout ; Gyorgy Thurzo et les membres des familles Báthory et Nàdasdy également, même s'ils craignaient de supporter les conséquences d'un étalage public des turpitudes de la comtesse. Il devait y avoir procès mais on prendrait soin de n'y point faire paraître la principale inculpée. On se rabattit sur l'entourage immédiat d'Elizabeth.
    Matthias était résolu à condamner la comtesse à mort, quels que fussent ses liens avec l'illustre famille des Báthory. Gyorgy Thurzo s'y opposa ; il estima qu'en dépit des crimes que la comtesse avait commis, il fallait songer à sa descendance, et il affirma : "Ce n'est pas parce qu'une branche est pourrie qu'il faut abattre tout l'arbre".
    Les principaux complices, Jo Ilona, Ficzko, Dorko et Katalin Beniezky furent condamnés à la décapitation et exécutés.
    Quant à Elizabeth, elle fut condamnée à être murée vive dans ses appartements privés du petit château de Csejthe : sous la surveillance des juges et du comte Thurzo, des maçons murèrent donc les fenêtres et les portes de ses appartements, laissant le miroir, et qu'une petite ouverture par laquelle on passerait tous les jours de l'eau et de la nourriture. Elizabeth se laissa enfermer sans prononcer une parole.
    Elle mourut le 21 août 1614. Aux dires de ceux qui la virent dans son dernier sommeil, en dépit de son âge - très avancé pour l'époque - de cinquante-quatre ans, sa beauté était inaltérée.
    Le château de Csejthe est resté maudit. Il est aujourd'hui en ruines et on le dit hanté par la comtesse sanglante, qui continuerait de commettre ses crimes. Ces croyances persistantes font qu'elle est souvent considérée comme un vampire et non comme une femme cruelle obsédée par la vieillesse.


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  • Le voïvode Vlad III Ţepeş (« l'Empaleur »), dit Drăculea (en roumain « fils du Diable »). Dracula, surnommé ainsi par les chroniqueurs d'après l'appartenance de sa famille à l'Ordre du Dragon (né en décembre 1431 à Schässburg/Sighişoara - mort en 1476 à Bucarest), a été prince de Valachie en 1448, puis de 1456 à 1462 et en 1476.

    Son surnom

    Vlad est issu de la famille des Basarabi, à laquelle on doit nombre de personnages historiques en Valachie, et en Transylvanie, et dont le premier représentant marquant est Basarab cel Mare.

    Contexte

    Le surnom dont il est affublé dans les chroniques occidentales, écrites bien après sa mort, est Ţepeş (« l'Empaleur » en roumain), qui signifie celui qui mène au pal, du nom de sa méthode favorite d'exécution. Les chroniqueurs turcs eux-mêmes l'ont appelé Kaziglu Bey, ce qui signifie « Le Prince Empaleur ». Ce sobriquet n'a jamais été utilisé par les contemporains de Vlad, et n'apparaît pour la première fois qu'en 1550, dans une chronique de Valachie, soit un siècle après sa mort.

    Sa vie et ses actions s'inscrivent dans le contexte extrêmement mouvementé du milieu du XVe siècle pour l'Europe de l'est. Le Saint-Empire romain germanique et les pays chrétiens d'Europe de l'ouest, en particulier les royaumes d'Autriche, de Hongrie et de Pologne sont sérieusement menacées par la poussée de l'Empire ottoman, qui vient de faire tomber définitivement l'Empire Byzantin avec la chute de Constantinople le 29 mai 1453. Les régions qui se situent entre les deux empires constituent le dernier rempart de la Chrétienté (catholique et orthodoxe) contre les Musulmans, et sont le théâtre de batailles acharnées. Les sultans consolident leur contrôle sur Constantinople, et assiègent les Balkans, jusqu'à se rendre maîtres de la plus grande partie de cette région, futurs États modernes comme la Serbie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, l'Arménie, et la Grèce, pour être finalement arrêtés aux portes de Vienne.

    Dracula

    On l'a aussi surnommé Dracula. Ce nom est celui de sa famille, les Drăculea, issus de la dynastie des Basarab. Le premier à avoir porté ce nom est son père, Vlad II le Dragon (Vlad Dracul). En roumain, dracul se traduit directement par « le dragon » ou « le diable ». Le blason des Drǎculea porte la figure d'un dragon, sorte d'animal (légendaire) totémique de la famille.

    Vlad Ţepeş connaît déjà une célébrité importante de son vivant, répandue surtout par les marchands saxons de Transylvanie, et par Mathias I Corvin le Juste (Matthias Corvin), le roi de Hongrie. Il est en effet connu comme étant un souverain cruel qui empale ses ennemis. Il aurait empalé dit-on des centaines de milliers d'hommes, et en particulier, les négociants allemands de Transylvanie, membres de la vieille noblesse, les paysans qui se dressaient contre lui, ainsi que les prisonniers turco-ottomans. En étant plus cruel encore que ses ennemis, il permit ainsi d'insinuer le doute parmi les Turco-ottomans quant à leur supériorité guerrière.

    Cette popularité s'est vraiment propagée avec la diffusion du personnage de Dracula, inventé par Bram Stoker pour son roman en 1897. Ce roman ne se base pourtant pas directement sur le règne cruel de Vlad Ţepeş. C'est une fiction censée se dérouler en Transylvanie et au Royaume-Uni au XIXe siècle. Néanmoins, en raison de son règne sanglant, Vlad Ţepeş Dracula a été immortalisé par Stoker sous la forme d'un vampire buvant le sang de ses victimes. L'image de la Transylvanie, par le biais de Vlad Ţepeş, est maintenant associée pour longtemps au comte vampire Dracula, dont le nom est celui du Diable.

    Origines de la légende

    Sa vie, on l'a connue grâce aux sources écrites qui relatent les faits et gestes de Vlad III, prince de Valachie au milieu du XVe siècle :

    Vlad Ţepeş était un monstre, un modèle de cruauté. Il était aussi une brute qui aimait répandre le sang, le feu, la mort partout (on prétendait même qu'il buvait le sang de ses victimes, qu'il « sauçait » son pain avec !), qui tuait tous ceux qui se mettaient en travers de sa route, en leur réservant des morts atroces, dont celle du pal : on enfonce un pieu, si possible par l'anus pour les hommes ou par le vagin chez les femmes, et on le fait ressortir par la bouche, puis on laisse le pal sur lequel la victime pourrit pendant des jours à la vue de tous. Ses victimes se comptèrent en milliers, en dizaines ou en centaines de milliers selon certaines sources.

    Cette thèse d'essence occidentale, trouve son origine dans la haine et le ressentiment de ses adversaires, les marchands saxons et les boyards de Transylvanie, qui ont toujours lutté pour conserver leurs privilèges dans ces régions. La diffusion d'écrits favorables à cette version en Europe a été fortement encouragée par Mathias I Corvin le Juste (Mathias Corvin), le roi de Hongrie, qui cherchait à justifier son changement d'attitude : après avoir soutenu Vlad dans toutes ses actions, surtout celles contre les Turcs, il soutint son frère Radu III l'Élégant (Radu cel Frumos), qui était le candidat des Ottomans et chef des armées ottomanes, alors que Vlad était vaincu et lui demandait de l'aide, seul à Braşov. Il valait mieux faire passer Vlad pour un fou incontrôlable, presque surnaturel.

    Au début du XIXe siècle, cette thèse a été relancée par la publication en allemand des Histoires de la Moldavie et de la Valachie de Johann Christian Engel, qui présente Vlad Ţepeş comme un tyran sanguinaire :

    "Vlad Ţepeş était un chef qui utilisait la terreur pour se faire respecter de ses ennemis. C'est la thèse des chroniqueurs orientaux, pour qui Vlad était un adversaire redoutable, et respectable. On peut citer A. Bonfini ou L. Chalcocondil, ainsi que l'auteur anonyme des Histoires slavonnes, qui ont de l'admiration pour ce voïvode autoritaire mais juste, qui a utilisé toutes les méthodes pour consolider un pouvoir central, et pour faire régner l'ordre sur ses territoires."

    Biographie

    Né à Schässburg, Transylvanie en 1431, Vlad vit ses premières années à la cour de son père, Vlad II le Dragon (Vlad Dracul), prince de Valachie, à Târgovişte.

    En 1442, il est envoyé comme otage au sultan Murad II , avec son jeune frère Radu III l'Élégant (Radu cel Frumos) ; il est retenu en Turquie jusqu'en 1448, et son frère jusqu'en 1462. Cette période de captivité turque a joué un rôle important dans la montée au pouvoir de Vlad. Probablement a-t-il adopté dans cette période son attitude intransigeante face à la vie.

    La lutte pour le trône

    Dans cette première moitié du XVe siècle, le trône de Valachie est disputé par les familles cousines, la Daneşti et la famille des Drăculea. Les Daneşti appellent les Hongrois pour les aider, sous prétexte de combattre les Ottomans, alors que les Draculea négocient avec eux.

    En 1447, le père de Vlad, Vlad II le Dragon (Vlad Dracul), a conclu la paix avec les Ottomans. En novembre 1447, Jean Hunyade (Ioan Hunedoara), gouverneur de Hongrie depuis 1446, entreprend une expédition en Valachie en partant de Braşov. Vlad II est capturé et tué à Balteni, avec son premier fils Mircea II le Jeune (Mircea cel Tânăr). Hunyade se proclame lui-même le 4 décembre 1447 voïvode des régions transalpines à Târgovişte. Ce titre lui permet d'installer un Dǎneşti, le fils de Dan II, Vladislav II de Valachie (Vladislav) sur le trône de Valachie.

    En 1448, Vlad III l'Empaleur rentre alors d'Andrinople, soutenu par une cavalerie turque et un contingent de troupes prêtées par le pacha Mustafa Hassan, et profite de l'absence de Vladislav, éloigné de Târgovişte par les combats à la deuxième bataille de Kosovo, pour monter sur le trône. Mais Vladislav le chasse deux mois plus tard (octobre-novembre 1448) lorsqu'il revient, et il doit s'exiler en Moldavie, où règne Bogdan II. Il se lie d'amitié avec le futur Étienne III le Grand (Ştefan cel Mare).

    Plus tard, Jean Hunyade (János Hunyadi), qui doit partir défendre Belgrade, lui confie une armée pour défendre le sud de la Transylvanie. Vlad Ţepeş en profite, avec l'aide de boyards de Munténie pour reprendre le trône de Valachie en se débarrassant de Vladislav II en août 1456. Vlad commence sa plus longue période de règne — six ans — pendant laquelle il sait qu'il ne peut garder sa place qu'en la défendant chèrement contre tous ceux qui la convoitent. Afin de consolider son pouvoir, il s'efforce de centraliser l'autorité, de la même façon que Mathias Corvin en Hongrie, ou Louis XI en France. Il fallait pour cela éliminer sans pitié tout ceux qui pouvaient la déstabiliser. Il a donc installé un régime de terreur, de telle façon à ce que tous le redoutent et le craignent.

    Inflexible et droit

    Il est inflexible lorsqu'il s'agit d'honnêteté et d'ordre. La plus petite infraction, du mensonge jusqu'au crime, pouvait être punie du pal. En fait, Dracula connaissait les vertus pédagogiques de la terreur. Sûr de l'efficacité de sa loi, Vlad place un jour une coupe en or en plein milieu de la place centrale de Târgovişte. Les voyageurs assoiffés auront le droit de se servir de la coupe mais elle doit rester en place. Selon les sources historiques, celle-ci ne fut jamais dérobée, et resta pratiquement inutilisée tout le temps du règne de Vlad.

    Il dirige aussi sa vengeance contre les boyards responsables de la mort de son père et de son frère Mircea. Le dimanche de Pâques 1459, il arrête toutes les familles de boyards qui faisaient la fête à la cour princière. Après avoir mis au pal les plus vieux, il oblige le reste à marcher jusqu'à la ville de Poenari. La route fait une centaine de kilomètres, et est difficile. Il ne permet pas aux survivants de se reposer à leur arrivée, il leur ordonne immédiatement de construire une forteresse sur les ruines d'un ancien avant-poste, avec vue sur l'Argeş. Beaucoup meurent. Vlad crée une nouvelle noblesse parmi ses paysans, et réussit à se faire construire rapidement une forteresse avec l'ancienne. Cette forteresse est identifiée aujourd'hui comme le Château de Bran.

    La punition du pal

    Vlad Ţepeş demeure connu pour ses techniques de punition brutales ; selon les dires des boyards Saxons de Transylvanie, il ordonne que les punis soient écorchés, bouillis, décapités, rendus aveugles, étranglés, pendus, brûlés, frits, cloués, enterrés vivants, etc. Il aime couper le nez de ses victimes, les oreilles, les organes génitaux, et la langue. Mais sa méthode favorite est la mise au pal, d'où son surnom d'Empaleur.

    Il applique cette technique en 1457, en 1459 et en 1460 contre les commerçants de Transylvanie qui se rebellent contre ses lois. En 1457, les commerçants de Sibiu essaient de le remplacer par un Prêtre des Roumains, identifié comme étant le futur souverain Vlad IV Călugărul, qui leur promet des avantages douaniers. Les commerçants de Braşov choisissent un autre prétendant, Dan III Danicul, le frère de Vladislav II de Valachie. Vlad franchit alors les Carpates et court de village en village punir les rebelles, jusqu'au moment ou Matthias Corvin le Juste fils de Jean Hunyade devenu roi de Hongrie, est obligé d'intervenir en négociant un accord, ce qui montre les limites de l'indépendance du pouvoir de Vlad Tepes, même sur ses terres, en face du pouvoir hongrois. Dan III, soutenu par Mathias, passe les Carpates depuis Brasov vers la Valachie, où il est pris et exécuté par Vlad le 22 avril 1460. Les représailles envers les marchands de Transylvanie sont alors terribles, et Vlad mérite bien son surnom d'Empaleur.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />Contre les Turcs

    Début 1462, Vlad se sent plus fort, et la participation que lui promet Mathias en personne dans une expédition contre les Turcs l'enhardit jusqu'à briser son allégeance envers les Ottomans. Il lance alors une campagne contre les Turcs sur le Danube, tuant plus de 30 000 hommes. Vlad provoque la colère du sultan Mehmed II, fils de Murad, lorqu'il refuse d'accéder à la demande des émissaires turcs pour le paiement du tribut au sultan. Lorsque les émissaires du sultan refusent d'ôter leur turban en face de lui, il s'assure qu'ils les garderont ainsi en les clouant directement sur leur tête. Quand le sultan apprend l'exécution de ses émissaires, il décide de punir Vlad en envahissant massivement la Valachie. Un autre objectif du sultan est de transformer cette terre en province turque. Il entre en Valachie avec une armée trois fois plus importante que celle de Vlad. Sans alliés, celui-ci doit se résoudre à se retirer à Târgovişte, à brûler ses propres villages, et à empoisonner les sources sur sa route, de façon à ne plus rien laisser à boire et à manger à l'armée turque.

    Lorsque le sultan arrive à Târgovişte, il est confronté à une vision d'épouvante : sur des milliers de pals, les corps de plus de 20.000 prisonniers turcs sont dressés, une scène terrifiante qui fut surnommée « la Forêt des Pals ». Mehmed, fatigué et affamé, reconnait sa défaite, et s'en retourne à Istanbul (la scène, décrite par Victor Hugo, dans sa Légende des siècles, témoigne de cet incident étonnant). Mehmed II préfère laisser sa place au combat à Radu III l'Élégant (Radu cel Frumos), le plus jeune frère de Vlad, candidat des Turcs pour le trône de Valachie.

    À la tête de l'armée turque et d'hommes qu'il convainc de rejoindre son camp plutôt que d'obéir à Vlad, il poursuit son frère jusqu'au Château Poenari, sur l'Argeş. D'après la légende, la femme de Vlad, qui veut s'échapper d'un cachot turc, se donne la mort en se jetant du haut de la falaise - une scène exploitée par Francis Ford Coppola dans le film Bram Stoker's Dracula. Vlad, qui n'est pas le genre d'homme à se suicider, réussit à s'échapper du siège de sa forteresse, en empruntant un passage secret à travers la montagne. Radu le Beau monte sur le trône de Valachie le 15 août 1462.

    Prisonnier en Hongrie

    Vlad revient en Transylvanie pour rencontrer Mathias qui, pense-t-il, arrive à Brasov pour se porter à son secours. Mais les autorités locales de Brasov ont déjà changé d'avis en reconnaissant Radu comme souverain depuis deux mois, et Mathias, qui constate la situation, et qui est « aidé » dans sa décision par les commerçants saxons, fait arrêter Vlad par un chef hussite connu, Jan Jiskra en novembre 1462. Vlad est maintenu prisonnier à Buda pendant douze ans, libéré, il retourne à Bucarest.

    La fin tragique

    En 1476, Vlad est reconnu à nouveau comme prince de Valachie, mais il ne se réjouit que peu de temps de son troisième règne. Il est assassiné à la fin du mois de décembre 1476 à Bucarest. Le corps de Vlad Ţepeş est décapité et sa tête envoyée au sultan, qui la pique sur un pieu comme preuve qu'il est bien mort. Vlad Ţepeş est enterré au monastère de Snagov, sur une île proche de Bucarest. Selon l'historien réputé Constantin Rezachevici, ce tombeau pourrait être situé sur la localité du monastère de Comana (Constantin Rezachevici "Unde a fost mormântul lui Vlad Tepes?" (II), Magazin Istoric, nr.3, 2002, p.41).

    Des études récentes ont montré que le « tombeau » de Vlad Ţepeş au monastère de Snagov ne contient que quelques ossements de chevaux, datés du néolithique, et ne correspondent pas aux vrais restes du prince valaque.

    La légende contemporaine : Dracula

    On ne sait pas exactement pourquoi Bram Stoker a pris comme modèle pour son personnage de fiction le prince de Valachie du XVe siècle. Quelques-uns ont proposé l'idée que Stoker aurait rencontré un professeur hongrois de l'Université de Budapest, Arminius Vambery (Hermann Vamberger) , et il est possible qu'il ait pu avoir des informations sur Vlad Ţepeş. En outre, le fait que le Dr. Abraham Van Helsing mentionne son ami Arminius dans le roman de 1897 comme source de ses connaissances sur Vlad Ţepeş semble être en faveur de cette hypothèse. De même, le seul lien réel entre le Vlad Ţepeş historique (1431-1476) et le mythe littéraire moderne du vampire est le livre de Stoker ; Bram Stoker s'est servi des sources populaires, de détails historiques et de quelques expériences de sa vie personnelle pour donner la vie à une créature complexe. D'autre part, les adversaires politiques principaux de Vlad - les Saxons de Transylvanie - se sont servi du sens de diable du mot roumain drac pour jeter le discrédit sur la réputation du prince. En effet, ils auraient pu associer les deux sens du mot roumain, dragon et diable pour expliquer une relation plus étroite entre Vlad Ţepeş et les vampires.


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