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  • Le punk est un mouvement culturel contestataire apparu entre 1976-1977 au Royaume-Uni puis aux États-Unis, avant de se répandre dans le reste du monde, la France étant l'un des pays non-anglo-saxons où ce mouvement eu un impact très représentatif. C'est une révolte contre les valeurs établies, qui privilégie l'expression brute et spontanée. Le punk est porteur d'une volonté de « tabula rasa » mais aussi d'un renouveau musical et culturel, l'émergence d'une nouvelle énergie, synonyme d'une liberté de création maximum (labels indépendants, Do It Yourself, fanzines, mode, graphisme).
    Ce mot viendrait de punk, mot anglais signifiant sans valeur, il est accepté avec ironie par les punks puisqu'ils rejettent les « valeurs établies ». Le « mouvement punk » fut associé au nihilisme et au Dadaïsme, au mouvement anarchiste et au mouvement alternatif (squat, labels indépendants, anti-militarisme, végétarisme, féminisme, mouvement autonome, etc.) Certains groupes comme Crass ou Bérurier Noir ont pris ce combat alternatif militant très à cœur.
    Le punk a acquis plusieurs sous-genres, non exclusifs dont le punk rock, le pop-punk, l'anarcho-punk, le punk hardcore et le ska-punk.

    Naissance du punk (1976-1984)

    Historique

    À l'origine aux États-Unis, le mot punk décrit le rock'n'roll basé sur des guitares électriques des groupes « Garage » des 60's tels The Seeds, The 13th Floor Elevators et des groupes de Detroit, The Stooges et MC5. Ce qui est maintenant appelé 60's punk ou protopunk pour éviter une confusion.Le mot punk aurait été utilisé la première fois par Lester Bangs (critique rock) pour qualifier la musique des motors city five (MC5)
    Les influences du punk-rock sont aussi des groupes de glam rock tels que The New York Dolls, mais aussi les groupes de rock britannique comme The Who, The Kinks première manière et les artistes de l'avant-garde new wave new-yorkaise (Patti Smith, Suicide, Television) et The Heartbreakers avec Johnny Thunders et Jerry Nolan. On constate un fort désir de retourner à la spontanéité et la simplicité du rock primitif et un rejet de ce que les punks ont perçu comme prétentieux, mercantile et pompeux dans l'arena rock des années 1970, engendrant les formes grandiloquentes du heavy metal et du rock progressif. Par contraste, le punk a délibérément renforcé la simplicité de ses mélodies, refusant toute démonstration ostentatoire de virtuosité et engageant n'importe qui à former son propre groupe dans sa cave ou son garage. Les paroles ont apporté une nouvelle radicalité d'expression dans les sujets politiques et sociaux, traitant souvent de l'ennui urbain et du chômage. Les thèmes sexuels étaient abordés de façon crue et ne se limitaient plus à l'amour sublimé qui était chanté ailleurs ou aux métaphores suggestives (et souvent transparentes, d'ailleurs) qui avaient cours dans le rock (puis la pop) et qui avaient suscité à l'origine de vives polémiques.
    Aux États-Unis, les Ramones ont posé, à partir de 1974, les jalons du punk américain dans une version qui reste alors très rock'n'roll et parfois considérée comme les prémices du pop-punk. The Germs, formés autour de Pat Smear, ont sorti en 1977 leur single Forming/Sexboy (live), souvent considéré comme le tout premier disque punk de Los Angeles. Richard Hell est un autre jalon important, tant pour l'image (t-shirt déchiré) que pour le son avec son titre Blank Generation. A New-York, le magasine Punk est fondé en 1976 par le dessinateur John Holmstrom, Ged Dunn et Legs McNeil.
    Au Royaume-Uni, certains ont pu écrire que des groupes traditionnellement rattachés au courant "pub rock", l'équivalent des garage bands américains au milieu des années 1970, pourraient représenter les prémisses de l'explosion punk britannique de 1976-77, en raison de l'énergie de leur musique et de leur vitesse d'exécution ; parmi eux : Doctor Feelgood ou le très controversé Eddie and the Hot Rods.
    Même si le premier groupe punk britannique ayant sorti un disque fut The Damned, dont le premier single vinyle parut confidentiellement durant l'été 1976 (son titre-phare étant "New Rose"), les véritables débuts du mouvement ont été les premiers concerts des Sex Pistols au Roxy Club et au 100 Club de Londres et l'interview du groupe dans une émission de large audience. Le passage des Sex Pistols et du Bromley Contingent à la télévision a suscité un véritable engouement mais aussi une très vive hostilité (aboutissant à l'interdiction de la plupart de leurs concerts), qui fut l'un des engrais essentiels du phénomène. À partir de là le punk, médiatisé, a enflammé une partie de la jeunesse.
    En France, les pionniers du mouvement furent le « petit cercle d'initiés » qui se créa autour d'Élodie Lauten. Revenant du CBGB à New York, où elle avait entendu Patti Smith "miauler" d'étranges poèmes rock toutes les nuits, elle fit découvrir à ceux qui allaient former Angel Face et European Son (et plus tard, Métal Urbain), à Alain Pacadis et à Patrick Eudeline (qui décida alors de former le premier line-up d'Asphalt Jungle), ce tourbillon qui commençait à envahir la planète.
    De son côté, Marc Zermati, qui avait depuis plusieurs mois ouvert une boutique, l'Open Market, rue des Lombards (dans les Halles), où se cotoyaient Iggy Pop, les Flaming Groovies et Doctor Feelgood lorsqu'ils passaient à Paris, mais aussi Pacadis et Yves Adrien, organisa, en août 76, le premier festival punk à Mont-de-Marsan. The Damned clôturèrent les deux journées de délires. Au même moment, Philippe Bone, passant l'été à Londres, ramenait en France le premier single de ce groupe "vinylisé" paru chez un petit label indépendant qui venait juste d'en presser quelques exemplaires. C'est ainsi que "New Rose", sur la face A de ce disque, retentit pour la première fois dans un lieu public en France, au Gibus club.

    Culture punk

    L'expression punk reste associée aujourd'hui à la période 1976-80, incarnée par les Sex Pistols, The Clash, The Damned, X-Ray Spex, The Ramones entre autres et à une nouvelle forme d'énergie, d'esthétique et de radicalité prenant le pas sur la contestation hippie de la décennie précédente.
    En Angleterre, Malcolm McLaren, le manager des Sex Pistols comme l'initiateur machiavélique et secret du mouvement. On note aussi l'influence du mouvement situationniste et du mouvement Dada dans l'esthétique et l'activisme punk, dominés par une économie de moyens et un sens aigu de l'autodérision. Ces courants ont marqué l'avant-garde du mouvement punk britannique, avec les Sex Pistols et leurs "satellites" : le Bromley Contingent (leur cercle rapproché), la boutique Sex de Malcolm McLaren et de la couturière Vivienne Westwood,Jordan, "créature" travaillant pour eux, The Flowers Of Romance, etc. Le couple McLaren-Westwood a su habilement faire des Pistols, dont ils se chargeaient de confectionner les tenues, leurs ambassadeurs les plus médiatiques, posant ainsi les fondations de l'apparence punk telle qu'elle reste ancrée dans la culture populaire.
    Dans d'autres domaines artistiques, le graphiste Jamie Reid, proche des situationnistes, avait précédemment travaillé dans les revues Suburban Press et King Mob. Les pochettes de disques, dans les mains des graphistes punks, servent d'instrument de détournement des valeurs sociales et de la culture populaire comme la pochette du disque des Dead Kennedys Bedtime for Democracy.
    Pourtant la petite histoire a surtout gardé du punk des symboles : les épingles à nourrice utilisées comme bijoux, les coupes de cheveux extrêmes et colorées comme la Crête Iroquoise (mohawk en anglais), le piercing (souvent avec des épingles à nourrice), le tatouage et la réappropriation « artistique » des vêtements de masse. Après le punk pauvre est apparu le « punk chic », recyclage commercial et industriel de ce qui en 77 s'inventait dans la rue.
    Au-delà du nihilisme prétendu ou affiché, le punk est un mouvement assez largement créatif et solidaire, un mouvement qui en profondeur semble avoir posé les bases de différentes alternatives sociales et économiques, qui ont parfois réussi à durer.
    La scène punk s'est exportée mondialement, a créé une scène propre avec ses labels (Rough Trade, Factory, New Rose, Bondage Records...) et concerts alternatifs autogérés. Les groupes punk alternatifs comme Bérurier Noir ou Crass ont imposé des places de concert moins chères, les Travellers ont inventé des modes de vie alternatifs, le mouvement des squats alternatifs est également issu de l'autonomie active voulue et animée par l'esprit originel du mouvement, qui cherche d'abord à vivre autrement et remet en question le mode de vie bourgeois traditionnel.
    La vague punk a vu naître également une presse underground et parallèle, les fanzines créés par des amateurs. Aux États-Unis parmi les plus connus : Maximum Rock'n'Roll et Flipside, au Royaume-Uni Sniffin'Glue, en France New wave (réapparu en 2004), On est pas des Sauvages, Hello Happy Taxpayers, etc. Chaque scène locale a eu au moins son fanzine édité avec des informations, un graphisme différent, des entrevues avec les groupes locaux ou en tournée. Le magazine Factsheet Five a énuméré et chroniqué les milliers de publications underground des années 1980 et 1990.

    Influences & postérité

    Depuis son apparition à la fin des années 1970, le punk côtoie et échange avec d'autres cultures underground comme le reggae, notamment grâce à Don Letts (le "punky reggae party" de Bob Marley et Lee Perry) ou le ska, pour donner naissance à des groupes comme The Specials, Madness ou The Selecter.
    Par ailleurs, il inspire très fortement, de par ses convictions, des groupes « hybrides », à la frontière du hard rock et du punk tel Motörhead, Nashville Pussy...
    Le punk a eu une influence durable sur toute la musique contestataire, dans la continuité de la culture underground des seventies qui subsiste un peu partout aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et bien ailleurs.
    À noter que c'est dans l'émission de Guillaume Durand Campus d'octobre 2005 qu'on a pu voir à la télévision française sans doute les premières images d'une video de Métal Urbain, près de 30 ans après.

    Le renouveau du punk rock aux États-Unis (depuis 1994)

    La vague punk originelle s'est essoufflée assez rapidement : même si de nombreux groupes nés à cette époque ont continué à créer et à jouer, à l'instar des Ramones, d'autres ont eu une existence assez brève, de quelques mois ou quelques années. Une scène rock indépendante n'en a pas moins continué à exister, aidée par la multiplication des stations de radio. Néanmoins le devant la scène médiatique rock au États-Unis a été occupé tout au long des années 1980 par les groupes de métal. La scène punk underground a, pour sa part, été dominée par le punk hardcore, à la suite de groupes comme Black Flag (formé en 1976), Bad Brains (formé en 1977) et Minor Threat (formé en 1980). Le centre de gravité s'était déplacé du Royaume-Uni et de la côte ouest des États-Unis, à la côte est, notamment Washington, D.C. (mais aussi New York).
    Une scène punk rock dynamique mais plus modeste et très underground a survécu, comptant en son sein un certain nombre de groupes devenus quasi-mythiques, pour la plupart également formés au tournant des années 1980, souvent originaires de la région de San Francisco comme les Dead Kennedys, les Descendents, NOFX, Flipper. San Francisco où se situe le 924 Gilman Street Project, la mythique salle de spectacle accueillant la scène punk californienne et ayant vu démarrer ou jouer un nombre faramineux de grands noms du punk rock californien tels que Rancid, Operation Ivy, The Offspring ou encore Green Day.
    La reconnaissance du grunge à partir de la seconde moitié des années 1980 et notamment de Nirvana et sa très grande popularité à la suite de la sortie de l'album Nevermind a ouvert la voie et relancé la nébuleuse néo-punk et son économie délabrée, précédé par des groupes comme Sonic Youth.
    Le punk rock a connu une renaissance médiatique depuis le milieu des années 1990 avec des groupes américains comme Rancid, Green Day, The Offspring et NOFX. L'underground punk subsiste à l'ombre de groupes qui peuvent connaître une réussite commerciale, qui est parfois exploitée afin de créer des produits marketing n'ayant ni le vécu scénique, ni le passé des groupes précédemment cités.
    Les groupes apparus à partir de cette époque sont très divers, mais composent tous avec un mélange d'influences issues à la fois du punk de '77, du hardcore, du pop-punk des Ramones et des Descendents, du métal et du grunge. En effet, leurs membres sont nés entre, au plus tôt, dans la seconde moitié des années 1960 et, au plus tard, au début des années 1980 et ont donc été bercés par tous ces genres de musique.
    En parallèle du succès commercial de certains groupes de punk rock dans la seconde moitié des années 1990 et du début du XXIe siècle, la scène dans son ensemble connaissait déjà un regain de vitalité très sensible depuis le début de la décennie et a vu percer ou naître de nombreux groupes à forte éthique, marqués par leurs engagements politiques ou tentant de faire évoluer le genre tout en restant fidèles à son histoire et ses traditions, qu'il s'agisse par exemple de Lagwagon, No Use For A Name, Pennywise ou Millencolin concernant le skate punk du milieu des annéess 1990 ; de Propagandhi, Anti-Flag, Dillinger Four ou Strike Anywhere et leur attitude ultra-politisée ; des Lawrence Arms et leurs textes inventifs, drôles, touchants, contestataires et bourrés de références ; d'Against Me! et leur mélange de punk et de folk ; du punk aux influences celtiques des Dropkick Murphys ou de Flogging Molly ; de l'old-school des vétérans de The Exploited ou des Casualties ; du pop-punk proche des Ramones des Briefs ou de Teenage Bottlerocket ; du gypsy punk de Gogol Bordello et son chanteur charismatique Eugene Hütz ; ou encore de groupes attirant le respect de toute la scène comme Hot Water Music ou Jawbreaker.
    On peut aussi citer les expérimentations qui ont été faites aux frontières du punk et de l'indie par Bear vs. Shark, Ted Leo ou bien Blake Schwarzenbach, demi-dieu d'un bon nombre de membres de la scène pour avoir fondé les désormais mythiques (et défunts) Jets to Brazil après la séparation de Jawbreaker.
    Cette tendance au renouveau se poursuit avec l'émergence de groupes jeunes et déjà respectés comme A Wilhelm Scream ou No Trigger concernant le punkcore mélodique, Latterman, ou le nouveau groupe de hardcore de Dan Yemin, Paint It Black. Sans oublier la vigueur de maints groupes vétérans : NOFX, Bad Religion (dont les deux derniers albums avec le retour de Mr. Brett sont les meilleurs en dix ans), la réunion de Lifetime, ALL/The Descendents, la carrière de Jello Biafra, Social Distortion (Sex, Love And Rock 'N' Roll est aussi un de leurs meilleurs albums), etc.
    De nouvelles scènes locales dynamiques ont émergé et viennent s'ajouter aux scènes traditionnelles des années 1980 que sont San Francisco (Bay Area) ou encore la scène SoCal autour de Los Angeles, qui demeurent deux centres ultra-dynamiques, ou le punk hardcore de la côte est :

    - Chicago, qui était déjà la patrie des Smoking Popes, de 88 Fingers Louie et Screeching Weasel, est sans doute la plus féconde, avec de Rise Against, The Lawrence Arms, Alkaline Trio, Much the Same ;
    - Minneapolis a Dillinger Four et Hüsker Dü ;
    - de la Nouvelle-Angleterre viennent Boysetsfire, A Wilhelm Scream, The Unseen, No Trigger ou With Honor ;
    - Boston est tout naturellement le cœur de la scène punk celtique emmenée par les Dropkick Murphys ;
    - en Pennsylvanie, Philadelphie est la ville d'origine de Kid Dynamite, Paint It Black ou The Loved Ones et Pittsburgh abrite Anti-Flag ;
    - New York et le New Jersey ont Lifetime, BigWig, Crime In Stereo, Kill Your Idols, les Bouncing Souls, Gogol Bordello, None More Black ou Latterman ;
    - la Virginie a vu naître Avail et Strike Anywhere, la Caroline du Sud Stretch Arm Strong ;
    - Gainesville : Against Me!, Less Than Jake, Hot Water Music, This Bike Is A Pipe Bomb ;
    - au Nord-Ouest, le Washington possède The Briefs, les Melvins, l'Oregon a Tragedy et le Wyoming The Lillingtons/Teenage Bottlerocket.
     

    En dehors des États-Unis, l'une des scènes nationales les plus populaires a longtemps été celle du punk rock suédois avec Millencolin, les Satanic Surfers, No Fun At All, The Hives ou Venerea. Au Canada, Winnipeg se distingue avec Propagandhi, Comeback Kid ou The Weakerthans et le Québec avec Ripcordz, Fifth Hour Hero ou The Sainte Catherines.
    Cela vaut aussi pour le punk rock européen et notamment français où sortent de nombreux groupes jeunes et volontaires qui ont suivi les traces de Burning Heads ou Seven Hate (entre autres) : Flying Donuts, The Pookies, Straightaway, Guerilla Poubelle ou bien sûr les incontournables Uncommonmenfrommars et Jetsex qui ont récemment joué des séries de concerts aux États-Unis.
    Le centre de gravité des labels s'est également déplacé : les maisons plus modestes ont su trouver leur place à côté des monstres sacrés du milieu des années 1990 : Epitaph et Fat Wreck Chords (et dans une certaine mesure Burning Heart). Aujourd'hui, Jade Tree (Delaware), No Idea (Gainesville), Deep Elm (Caroline du Sud) ou Equal Vision (New York) contribuent à fond au dynamisme de la scène, alors qu'Epitaph et Burning Heart se sont lancés dans une politique de diversification dont les bénéfices sont encore à trouver. Fat a su maintenir sa place au top et Nitro Records est revenu à la pointe de la scène punk avec de belles signatures comme A Wilhelm Scream ou No Trigger, optant avec succès pour un punk rock agressif, franc et direct, en rupture avec les expériences ou les modes contestées au sein de la scène, comme par exemple les Transplants ou la nouvelle vague emo qui n'a plus rien à voir avec les groupes pionniers de ce genre, comme Rites of Spring et Embrace.

    L'on sent au contraire un regain du punk rock très politisé, peut-être aussi en réaction à la couleur politique du gouvernement américain. L'initiative récente la plus marquante a sans doute été le collectif Punk Voter initié par Fat Mike de NOFX, couplé d'une tournée Rock Against Bush, incitant les jeunes à se rendre aux urnes lors des élections présidentielles américaines de 2004.


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