• "Preuves" de l'existence de Dieu

    La preuve ontologique de l'existence de Dieu

    "Selon Descartes, si je puis formuler l'idée de Dieu, c'est bien qu'elle est une entité qui correspond au plus haut point des perfections. Or l'existence est une perfection. Donc l'une des propriétés de mon concept de Dieu affirme qu'il possède l'existence. C'est-à-dire que Dieu existe."

    Autre formulation plus concise :
    "Dieu possède toutes les perfections ; or l'existence est une perfection, donc Dieu existe."

    Petit historique de cette preuve :
    Saint Anselme (1033-1109) avance l'argument que tout homme possède l'idée d'une chose dont rien ne peut être pensé plus grand. Pour lui, si l'on ne peut avoir aucune intuition de ce qui correspond à l'idée de Dieu alors je puis supposer que mon idée de Dieu correspond à un existant (quelque chose qui existe). Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) reprend l'argument sans formuler de déduction logique allant de ce qui est possible à ce qui existe. René Descartes (1596-1650) formule sa thèse comme ci-dessus. Elle a également été développée par Leibniz (1646-1716).

    Emmanuel Kant (1724-1804) appelle cet argument la preuve ontologique de l'existence de Dieu parce qu'on y prétend prouver que Dieu existe à partir de ce qu'on pense qu'il est. Ici, on lui attribue une essence qui est la perfection. En définissant Dieu comme étant parfait, Descartes ne fait que créer un concept. Kant réfute cette "preuve" en affirmant qu'en aucun cas un concept ne pouvait produire une existence. C'est toute la différence qu'il y a entre la logique (concevoir une existence de manière totalement cohérente) et la réalité (de cette existence). Affirmer que le concept peut servir de preuve n'est qu'une forme de dogmatisme. L'affirmation d'une existence ne peut être que le produit d'une expérience.

    Ce raisonnement est une erreur de logique, un sophisme appelé pétition de principe.

    Réponse courte :
    Ce n'est pas parce qu'une idée ou un concept est cohérent, donc possible, qu'il existe.

    Réponse proposée par un internaute :
    Au sujet de la preuve onthologique de l'existence de Dieu de Descartes que j'ai étudiée en terminal : l'existence de dieu est prouvé à partir du concept de la perfection. Or jusqu'à preuve du contraire ce concept n'est qu'une abstraction de l'homme et ne renvoie à rien de concret, ou de réel. Comment prouver la réalité d'une chose à partir d'une autre qui ne l'est pas ?
    (AVV / 27/12/05)

    Citation :
    "Par définition l'existence n'est pas la nécessité. Exister, c'est être là, simplement. Les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire."
    (Jean-Paul Sartre / 1905-1980 / La Nausée)


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    "Descartes a dit "si Dieu n'existait pas il serait imparfait, or Dieu est parfait... donc il existe"."

    Cet argument est une variante de la "preuve" ontologique de l'existence de Dieu selon la classification de Kant.
    Voir au paragraphe précédent la "preuve" ontologique.

    Si Dieu n'existe pas, on ne peut pas dire qu'il est imparfait, sinon cela voudrait dire qu'il existe (il faut exister pour être imparfait). Or Dieu, tel qu'on nous le présente, est tout puissant, mais pas au point d'exister et ne pas exister en même temps.

    Dire que Dieu est parfait, présuppose qu'il existe. On se trouve là en face d'un sophisme. Plus précisément il s'agit d'une pétition de principe, une illusion de raisonnement qui consiste à tenir pour vrai ce qui est supposé être démontré en l'affirmant dans une des prémisses (Dieu est parfait). La conclusion est donnée sans argument ni preuve. Autre exemple : "La Bible dit que Dieu existe. La Bible a été dictée par Dieu. Donc, Dieu existe."

    Réponse proposée par un internaute :
    Soit l'affirmation "Dieu possède toutes les perfections ; or l'existence est une perfection, donc Dieu existe."
    Il s'agit tout simplement d'un raisonnement fallacieux usant de rhétorique logique. Hélas, nombre d'écrits théologiques et philosophiques grouillent de ce type d'affronts faits aux mathématiques. Formellement, la "preuve ontologique" équivaut à l'énoncé suivant : (A=>B et B=>C) => (A=>C), qui est faux. C'est exactement comme si l'on affirmait : "un choux possède tous les attributs d'un légume ; or, la carotte est un légume, donc la carotte est un choux." A la bonne heure !
    Tant que nous y sommes, laissons libre cours à d'autres fantasmes, "prouvés" par le même raisonnement : "j'ai l'idée d'une soucoupe volante verte avec des points rouges, or, il existe des cravates vertes avec des points rouges, donc une soucoupe volante verte avec des points rouges existe !"
    La "preuve ontologique" n'est donc une fois de plus qu'une ineptie philosophique, mais toutefois pas religieuse. En effet, n'oublions pas que la religion doit avant tout se caractériser par la foi plutôt que par la démonstration, celle-ci étant d'ailleurs désavouée par Jésus lui-même : "Heureux ceux qui croient sans avoir vu". La foi en Dieu est un choix idéologique injustifiable et insondable empiriquement au même titre que la foi athée d'absence de Dieu. Reconnaître cela est préalable à toute prétention d'honnêteté intellectuelle.
    (E.M. / 16/03/06)

    Autre réponse proposée par un internaute :
    Le paradoxe dit du rocher :
    Si Dieu est parfait (et donc qu'il existe, selon la preuve ontologique), il doit pouvoir créer n'importe quoi et faire n'importe quoi. Donc il doit pouvoir créer un rocher si lourd que personne ne puisse le lever. Mais si personne ne peut le lever, Dieu non plus ne peut le lever, donc il est imparfait. Et s'il peut le lever, il ne peut pas le créer à ce point lourd que personne ne puisse le lever. L'idée de perfection est donc foncièrement erronée et puisque rien n'est parfait, Dieu n'est pas parfait. Si Dieu doit être parfait, mais qu'il ne l'est pas, c'est que le Dieu parfait n'existe pas, donc Dieu (qui est Dieu parfait) n'existe pas.
    (ASH / 18/04/06)


    Citation :
    "[...] Je ne crois pas, pour ma part, que la philosophie puisse prouver la vérité des dogmes religieux ou montrer qu'ils sont erronés, mais depuis Platon, la plupart des philosophes ont considéré le fait de donner des "preuves" de l'immortalité et de l'existence de Dieu comme faisant partie de leur domaine. Ils ont critiqué les preuves de leurs prédécesseurs - saint Thomas a rejeté les preuves de saint Anselme, et Kant, celles de Descartes -, mais ils les ont remplacées par de nouvelles, de leur composition. Pour rendre leurs preuves valables, ils ont dû falsifier la logique, unir le mysticisme aux mathématiques et prétendre que les préjugés, profondément enracinés, étaient des intuitions venues du ciel."
    (Bertrand Russell / 1872-1970 / Histoire de la philosophie occidentale / 1946)

    Citation :
    "Dieu est tellement parfait qu'il n'a pas besoin d'exister."
    (Robert Nozick / Philosophical Explanations / 1981)

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