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    Les gothiques, ces sombres inconnus

      Issu du mouvement Punk des seventies, le mouvement Gothique inquiète. Les préjugés ont la dent dure, pourtant leurs pensées ne le sont pas. 
      Esthétique qui se traduit par un code vestimentaire basé sur le noir (mais on rencontre des gothiques vêtus de blanc ou de couleur), Il existe deux principales tendances et deux styles majeurs. Les premiers, les « néo-romantiques », portent les vêtements noirs médiévaux, velours et dentelles, redingotes façon sorcellerie, les seconds, d'apparence plus dure, préfèrent le cuir et les clous. 
      Mais tout ceci n'est qu'une apparence, une manière de dire non à la société actuelle, de revendiquer sa liberté et sa différence vis à vis de l'hypocrisie sociale. Il faut s'ôter de la tête l'idée de satanisme qui fait les choux gras des mauvaises langues et des chaînes télévisées avides de sensationnel pouvant faire grimper l'audimat ou des journaux régionaux qui généralisent en croyant savoir, sans approfondir et chercher à comprendre. 
      Le mouvement gothique, dans son ensemble, ne peut être assimilé en aucun cas aux pratiques sataniques qu'on lui prête souvent. Ses membres peuvent autant être croyants qu'athées. 

      Un peu d'histoire : 
      Pour comprendre cette culture, il faut remonter loin dans le temps dès le XIIème siècle avec l'architecture médiévale puis les balbutiements du roman gothique, en 1796 en Angleterre. Et qui ne se souvient pas du premier roman fantastique « FRANKENSTEIN » de Mary Shelley ? c'était en 1818. 
      Entre ces deux périodes, l'Europe de l'Est et l'Amérique du Nord voient apparaître un mouvement littéraire qui s'oppose au classicisme. Tout de noir vêtus, ses auteurs se font appeler « les nouveaux gothiques romantiques » et sont à l'origine de la littérature « tragique, sombre, aux amours troublées » telle que s'en est inspiré Victor Hugo. 
       La littérature fantastique était née, mais le mouvement gothique en lui même finit par s'éteindre. 
      Vers la fin des années 70, il renaît grâce à certains membres du mouvement PUNK, qui associent leurs idées à celles des goths romantiques. 
      Dès lors, les gothiques apparaissent comme des jeunes en révolte contre le système social, adoptant des idées romantiques et noires si propres à cette culture. 
      A partir de 1987, devant l'intolérance et l'hostilité des populations, le mouvement gothique se voit contraint de se « fondre » dans la masse, perdant son identité. Depuis cette rupture, d'autres groupes sont nés, avec les mêmes racines, mais sous différents aspects. 
      Les différentes tendances : 
    -        les goths romantiques : gothiques par excellence, dentelles, robes noires, ou rouge foncé, 
    -        les gothiques « métal » : amateurs de pointes, anneaux, chaînes, comme pour s'affirmer d'une façon tribale, -        les Dark Goths : vêtus de noir strict, teint blanc et maquillage noir. 
      Mais toutes ces tendances ne sont qu'étiquettes et rien d'autre. 

      L'AVIS DU PSY : 
      « Il faut éviter toute vision réductrice du mouvement ainsi que la confusion souvent entretenue avec le satanisme ou les groupes sectaires. Malgré leur goût prononcé pour le macabre, les gothiques sont insérés dans la société. Ces jeunes adultes investissent à leur façon le monde qui les entoure et savent prendre du plaisir en ayant certaines activités culturelles et en festoyant entre amis. Mais comme dans tous les milieux, il peut y avoir des personnes déviantes ayant des comportements pathologiques. Ainsi, lorsqu'un individu s'isole totalement, se désintéresse de tout, il peut commettre des actes qui le mettent en danger tels que automutilation, prise de drogue... ». 

      MPN : Pourquoi une automutilation par scarification ? 
      PSY : l'automutilation, ici, la scarification, permet l'expression d'une souffrance psychologique, son évacuation en quelques sortes. L'individu témoigne  d'un mieux-être après s'être mutilé. Les causes sont difficiles à déterminer et varient largement d'une personne à l'autre. La majorité des cas présente une baisse d'estime de soi, par des abus répétitifs soit sexuels soit par intimidations. 
      Ce sont dans tous les cas des troubles psychopathologiques, mais dont les blessures n'ont pas la gravité d'une mutilation (blessures par arme à feu, membres brisés volontairement...) 


    ENQUETE SUR LE VIF
     :   
    Le lieu : un café-concert où se réunit la majorité des membres du mouvement gothique, situé dans une zone industrielle : le C'ROCK MORE.   
    La route pour y accéder est sombre et isolée. Le décor est planté. Mes préjugés n'ayant d'égal que ce que mes oreilles ont pu entendre, un nœud se forme dans mon estomac. bref, je n'en mène pas large.   
    Me voilà devant la grille. L'établissement n'est pas immense, et apparaît accueillant, première surprise. Des personnes s'affairent dans les préparatifs d'un défilé de mode gothique prévu dans la soirée. La directrice, « Béa », m'accueille avec le sourire et me demande de patienter quelques minutes durant lesquelles je fais le « tour du proprio ». Les murs extérieurs sont peints de superbes fresques à l'image du mouvement avec un graphisme digne des plus grands artistes peintres. Je pénètre à présent dans l'antre du gothisme !   
    Le décor est inquiétant (ça fait partie du jeu) mais non dénué d'humour (squelettes en cages). Toutefois, l'ambiance chaleureuse et l'accueil tout sourire font s'évanouir définitivement  les craintes les plus stupides.   

      MPN : d'où vous est venu le goût pour ce mouvement et cette musique et à quel age ? 
      BEA : j'ai commencé à écouter AC/DC dès l'âge de 6 ans ! Mon père était dans la musique rock et donc m'a encouragée dans ce sens. J'ai fait des études de droit privé mais j'ai laissé tomber pour ouvrir mon établissement. 
      CECILE : dès l'adolescence, ce sont les films fantastiques qui m'ont amenée au gothique. 
      YOHAN (16 ans) : j'ai commencé à écouter des groupes de métal basiques comme « Marilyn Manson » et de plus en plus j'ai écouté des styles un peu plus violents. 
      MPN : qu'en est-il des paroles des morceaux ? 
      BEA : en fait, on « capte » rien aux paroles qui sont en anglais, c'est pas par rapport aux paroles qu'on aime ce style, on s'éclate sur la musique, on est là pour danser, c'est le plus important. 
      MPN : existe-il d'autres lieux où l'on peut vous trouver ? 
      YOHAN : sur Perpignan, y'a que le C'ROCK MORE comme bar métal, sinon y'a Montpellier, Toulouse. 
      MPN : quels sont les milieux sociaux qui font partie de votre « groupe » ? 
      BEA : tous les milieux, on a des vendeuses, des étudiants, des jeunes, des moins jeunes, vous verrez même des parents...(deuxième surprise !) 

    MPN : et le regard des autres sur vous, ça vous fait quoi ?   
    BEA : ça nous fait pas grand chose, on s'en fiche un peu.   
    Le DJ (super sympa) :
    on nous regarde pas de la même manière à Perpignan que dans les grandes villes, à Paris ou Toulouse, on passe inaperçus.   
    YOHAN : pas grand chose étant donné qu'on a tous le même regard sur chacun (il a quelque chose entre les oreilles ce petit).   
    MPN : et vos parents, que pensent-ils de tout ça ?   
    YOHAN : étant donné que mon père est dans la musique classique et moi aussi, je fais du violon mis à part le métal que j'aime, mon père me laisse faire à peu près ce que je veux. Même s'il pense que c'est un peu débile (rires).   
    MPN : qu'avez vous à dire aux personnes qui ne vous connaissent pas ?   
    YOHAN :
    la plupart des gens trouve ce côté sombre satanique, mais on est là pour la musique. Le satanisme existe, c'est une sorte de secte, mais on s'en fiche totalement.   
    CECILE :
    qu'ils cherchent à comprendre avant de juger, qu'ils regardent pas juste la télé.   

    La rencontre avec une maman :   
    MPN : quelle a été votre réaction à la vue de votre fils vêtu « différemment » des autres ?   
    -  C
    ela ne m'a jamais posé de problème, si c'est sa façon de vivre, son look, pourquoi pas après tout, qu'il fasse partie de ce groupe ou d'un autre, après tout, dans les années 60, c'était les hippies, j'ai jamais eu de problème. le principal c'est qu'il soit heureux.   
    MPN : ne craignez-vous pas qu'il bascule dans la branche dite satanique ?   
    -
    non. Je sais comment j'ai élevé mes enfants, je sais que ce côté là ne glissera pas chez lui. On lui a inculqué certaines valeurs de la vie. Il faut bien se dire une chose, c'est pas parce qu'on est gothique qu'on est satanique. Dans ce mouvement, il y a plusieurs branches, et il faut savoir que la branche satanique est méprisée par tous les gothiques.   
    MPN : je vois que vous partagez un peu ses activités, vous êtes présente ce soir....   
    - Ce soir il y a un défilé de mode et je tenais à le voir et voir ce qui se passe exactement, les diverses tendances et ce qui se porte. Il n'y a pas de boutique gothique à Perpignan, il faut aller en Espagne.   
    La soirée s'est terminée tard dans la nuit, en compagnie de jeunes gens sensés, tolérants, à mille lieues du côté obscur qu'on leur prête volontiers lorsqu'on ne connaît pas, lorsqu'on a peur.   

    LA SEMAINE SUIVANTE : rencontre avec deux artistes
    Au même endroit, à la même heure, mêmes questions à deux artistes, invités de la soirée. DJ SIMENSE, célèbre dans la région toulousaine pour l'organisation de ses soirées musicales et Sire CEDRIC, 32 ans, écrivain dans le domaine fantastique, venu lui aussi spécialement de Toulouse.   
    DJ SIMENSE :
    j'aime la musique depuis l'âge de 5 ans, avec les « sex pistols » et puis depeche mode. J'organise des soirées avec des invités de toute la France et de l'étranger, car ça bouge à Toulouse. Les gens savent s'amuser, en toute simplicité.   
    On met beaucoup de choses dans le gothisme, tout le mal du monde, « c'est les goths ! » le gothisme est si vaste que ça ne veut plus rien dire. Il faut creuser et voir plus profond que ça. Ça n'est pas qu'une tenue vestimentaire ou une musique violente, il n'y a qu'à me regarder, je n'ai rien sur moi qui pourrait suggérer une quelconque appartenance, c'est surtout une pensée. Le goth initié est cultivé et sait ce pourquoi il est là. Le goth « snob » n'affiche que les clichés « triste, sombre et morbide », mais c'est un avis personnel.   
    Le milieu social ? plutôt parler au pluriel, tous les milieux sont présents, aussi bien le médecin que l'étudiant, ou encore le chef d'entreprise et autres employés. C'est comme si vous me demandiez quel est le milieu social des chasseurs ou pêcheurs....   
    Le satanisme ? bien sûr qu'il existe. Ce sont des jeunes en souffrance qui s'isolent et se détachent de la réalité. On nous greffe même certains groupes NAZIS! alors que nous sommes contre le racisme et le fascisme !     
    Le gothisme à une culture qui lui est propre, regardez l'architecture, la littérature romantique avec Victor Hugo et à présent, sa musique. Et dans ce sens, nous prenons le parti de défendre des œuvres pour leur force et leur sens.   
    SIRE CEDRIC : j'ai 32 ans et  plusieurs ouvrages à mon actif.  je commence à être reconnu par mes pairs dans le domaine du fantastique, d'ailleurs primé comme « coup de cœur des bibliothèques de Paris » en 2005. Après plusieurs nouvelles, je sors mon premier roman – ANGEMORT- qui connaît, en toute modestie, un grand succès auprès des medias et des amateurs du genre. C'est aux éditions Nuit d'Avril.   
    Un groupe de curieux s'approche. Après quelques explications quant à ma présence, les langues se délient :   
    Une jeune :
    c'est super qu'on s'intéresse à nous, il faut savoir que depuis l'émission sur M6, on nous traite de tout dans la rue, de nazis, de sataniques, d'ailleurs, il y a une pétition sur le net qui circule contre M6. Une épicière chez qui j'allais me chercher un sandwich s'est étonnée de me voir manger...elle croyait que je ne me nourrissait que de sang (rires) il faut arrêter ! moi ma mère préfère me voir habillée comme je suis plutôt que le string à l'air, le pantalon au raz des fesses et le tee shirt qui sert de soutif !!   
    Une autre :
    moi, quelques individus m'ont insultée et menacée en pleine rue, j'ai dû faire appel aux flics dans un magasin, j'ai eu très peur. On n'a jamais fait de mal, on aime nos vêtements, on aime les films d'horreur, comme beaucoup de personnes, mais on est adepte de rien, on est libres de toutes religions ou rites.   
    Un garçon :
    moi j'ai jamais sacrifié de poulets (rires de tous)   
    La discrimination ne s'arrête pas à la couleur de peau, il faut bien l'admettre, si elle faisait défaut, la preuve est faite ! portez des vêtements hors du commun et vous êtes des aliens qu'il faut éliminer !  Nous sommes le pays de la tolérance et des droits de l'homme. Si la condition est que cet homme soit identique à son voisin, il reste bien du travail !   

    Les présentations sont désormais faites avec ce tour d'ensemble de ce qu'est réellement ce mouvement. L'inconnu fait peur. Mais juger sans connaître, là est le vrai danger. La porte ouverte à toutes les haines.   
    Comme dans tout groupe, le risque zéro n'existant pas, les débordements sont choses possibles, ce ne sont pas les croyants (toutes confessions confondues) qui oseront dire le contraire. Mais les erreurs des uns ne peuvent en aucun cas refléter l'esprit de tout une communauté. Chacun a le droit de vivre tel qu'il le ressent, et dans le cas des gothiques :    « c'est voir la beauté où d'autres voient la laideur » (Laura – 15 ans) 

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